Interview de Guillaume Hannoun :

 “Ce travail a commencé lors d’un voyage entre Montréal et Puerto Angel, aux confins du Mexique. En utilisant un moyen de transport rapide comme l’avion, ce trajet m’aurait demandé moins d’une journée, à peine quelques heures. Or, comme je disposais d’un peu de temps, j’avais opté pour un autre moyen de transport, beaucoup plus lent : le bus. La physionomie du voyage a, dès lors, complètement changé. Le temps du trajet est devenu un moment à part entière dans le voyage.
Ce temps, généralement considéré comme vide et sans objet est devenu au fil du parcours une destination en soi. La découverte des paysages par la vitre de mon autocar était aussi enrichissante que l’ont été plus tard la visite de ces lieux recensés dans les guides.
De retour de cette expérience, je n’ai eu de cesse de me demander ce qui m’avait particulièrement plu dans cette expérience ? Était-ce le fait d’avoir vécu un temps si riche en sensations lors d’un moment à priori si dénué d’intérêt ? Était-ce le fait d’avoir embrassé, presque physiquement l’immensité de ces espaces ?
Coincé dans des transports bondés ou pris dans les embouteillages, je me suis constamment questionné sur ce rapport si particulier que j’avais vécu entre le temps et l’espace au cours de ce voyage.
Que pouvait-il en être au quotidien, dans les villes lorsque l’on se trouve également entre deux moments de vie ? Était-ce possible d’imaginer donner plus de temps à l’espace ? Je voulais vérifier cette utopie en la confrontant avec la réalité d’une ville. Habitant Paris, cette ville est alors devenu naturellement le terrain de mon expérimentation. Il s’agissait pour moi d’observer cette grande ville à travers le prisme de ses temporalités.
De cette observation des différents moments qui la composent, certains me sont apparus de façon presque évidente, comme étant ceux que l’on pouvait améliorer, ceux qui aujourd’hui encore sont les laissés pour compte de nos agendas.
Dès lors, cette réflexion m’a conduit à imaginer de nouveaux moments de vie, à envisager de nouvelles typologies d’espaces afin d’améliorer les temporalités délaissées de l’espace urbain.”

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Un concept :

L’enjeu de ce projet est de promouvoir ainsi l’idée qu’il existe en l’état actuel dans les villes, en occurrence Paris, des endroits dans lesquelles se trouvent de formidables potentiels d’actions.
Pour évoquer ce concept nous pourrons le mettre en parallèle avec celui de Synapse, à savoir une zone de contacts fonctionnelle. La synapse assure la conversion d’un potentiel d’action en un signal lisible à l’échelle du territoire urbain.
L’idée est de maximixer l’utilisation de ses réseaux tout en les dépolluant afin d’en optimiser le fonctionnement. Nombre de ces réseaux se superposent sans jamais se croiser. En les mixant on pourrait multiplier le rendement et créer une nouvelle urbanité, un lieu où l’on aura plaisir de se retrouver. Le fait de passer d’un mode de transport à un autre (Métro, bus, taxis, véli’b, autoli’b, batobus) ne sera plus vécu comme une contrainte mais comme une formidable liberté !
Ce lieu pourra accueillir toutes les activités humaines souhaitable en les organisant en fonction de données temporelles (commerces de proximité, stationnement longue durée).